dimanche 19 octobre 2014

Les cons, c'est comme les emmerdes, ça vole en escadrille.



Cochin, Kérala

Distance parcourue depuis le départ : 11593 km

Ou est Michel ? : Par ici.

Michel Audiard, faisait dire dans un de ses films à Bernard Blier : «  Les cons, c’est comme les emmerdes, ça vole en escadrille ». C’est dans l’autre sens que cette citation m’est venue à l’esprit en arrivant à Cochin.

J’étais parti d’Ooty avec l’intention de rejoindre Cochin en deux jours en faisant une halte d’une nuit à Comboitore. Il faisait beau, j’étais en forme et en arrivant dans la ville étape, je me trouvais qu’il était tôt et qu’en me débrouillant bien, je pouvais rejoindre Cochin d’une traite. Je me mets donc à la recherche du bus qui va m’y conduire. Je galère un peu pour le trouver. Comboitore n’étant pas une ville touristique, personne ne parle anglais, surtout dans les stations de bus qui sont généralement fréquentée que par les plus basses couches de la population. Mais je fini par y arriver. Il est quinze heures, c’est cool, je suis content de moi.

Le bus démarre. A côté de moi, se trouve un jeune qui lui parle Anglais. On discute un peu et j’apprends que le bus va mettre six heures pour faire les 200 kilomètres. Je vais donc arriver à 21 heures, de nuit. Bon, jusque-là, rien de bien méchant bien que j’aurais préféré le faire de jours.
En chemin, je lis mon guide de voyage. Oui, je sais, je prépare mes itinéraires un peu tard, mais il y a des choses en moi que j’ai du mal à changer… Je jette mon dévolu sur une guest house, la repère sur le plan de la ville et la situe par rapport à la gare routière. Enfin, je lis les généralités sur la ville. On y indique de se méfier tout particulièrement des chauffeurs de rickshaws, qui à priori sont relativement coriaces. Bon, je vais gérer, au pire j’irais à pied. Même de nuit la distance à faire n’étant que d’un kilomètre et demi soit un bon quart d’heure.

Je profite enfin du paysage. C’est magnifique. On est dans le Kérala. Au sud de l’inde, en zone tropicale. Palmiers, bananiers, cocotiers et champs de riz se succèdent. Cette partie de l’Inde ayant été colonisée par les portugais, beaucoup de demeure de style colonial, mais à l’indienne. Si j’ai tendance parfois à l’oublier, il me suffit de me retourner vers l’intérieur du bus. En effet l’indien étant particulièrement solidaire, personne n’est laissé sur le bord du chemin. Le bus se remplit, il est plein, il déborde, il y a de l’indien partout, bref c’est l’Inde.

A dix-huit heures la nuit tombe. Plus que trois heures de route, mais en même temps que la nuit, la pluie elle aussi décide de tomber. Je vous disais plus haut qu’on est en zone tropicale, c’est donc une pluie tropicale. Je pense que quelque part, il doit y avoir toute une escouade de gars qui nous jettent des sceaux d’eau sans discontinuer. Comme dirait un ami : « il pleut comme si on payait pas l’eau ». Ah, oui un détail, le bus n’a pas de fenêtre, juste des rideaux hors d’âge ! Ben oui, on est dans un pays chaud oui ou non ? Pour résumer la situation, je suis dans une baignoire qui roule de nuit en Inde et ça va durer trois heures… Par chance, je n’ai pas une place coté fenêtre, mais coté couloir. Elle n’est pas belle la vie ?

Vingt et une heures, nous entrons dans Cochin. La ville est immense, un million quatre cents mille habitants. C’est très étendu. Le bus s’arrête souvent pour faire descendre du monde. A un arrêt, le portier vient me voir et me dit que je dois descendre là. Je lui explique que je veux aller à la gare routière, donc au terminus du bus, mais à priori, le bus n’y va pas. L’arrêt qu’il m’indique est le plus proche.
Me voilà donc dehors, sous une pluie battante de nuit, avec mon gros sac à dos et ma musette et je n’ai aucune idée de l’endroit où je suis. Je me précipite sous un arrêt de bus à proximité, mais en quelques mètres, je suis trempé, sur la route, j’ai de l’eau jusqu’en haut des chevilles. Bon, il faut que je me pose un peu pour réfléchir. Il y a bien des rickshaws à proximité, mais vu que je ne sais pas où je suis, je vais avoir du mal à négocier. Je me dis qu’en tout cas, c’est une solution que je pourrais utiliser en dernier recours. Je me renseigne auprès des personnes qui sont près de moi. Je découvre rapidement qu’ici au Kérala, les gens sont adorables. Même dans une grande agglomération. Le premier ne comprend rien, mais il demande à un second qui demande à un troisième et c’est bientôt tout l’arrêt de bus qui se penche sur mon guide touristique pour essayer de résoudre le problème. Un jeune homme me dit qu’il va m’aider à me rapprocher de mon objectif et me demande de le suivre. Nous nous rendons quelques centaines de mètres plus loin et nous sautons dans un bus. Mon accompagnateur me dit qu’il descend dans deux stations, mais il a prévenu le chauffeur qui lui m’indiquera l’endroit où descendre. C’est ce qui se passe. Je me retrouve à nouveau dehors, sous une pluie toujours aussi intense. Je sais que je suis plus très loin du but, mais je suis incapable de dire à quelle distance, ni même dans quelle direction. Je cherche à m’abriter pour faire le point. Un commerce est ouvert, je me précipite sous son auvent. Le type vend des parapluies…..

Bon maintenant il ne me reste plus que la solution tuktuk. Justement en voilà un. Je le hèle et monte à son bord. Je sors à nouveau mon plan, mes lunettes (c’est super pratique sous la pluie les lunettes !) et ma frontale. Mon interlocuteur ne parle pas un mot d’anglais, mais se penche sur la carte et me dit ok, ça fera 40 roupies, soit moins de cinquante centimes d’euro. C’est parti ! On n’est pas très loin et le gars se donne visiblement du mal pour trouver. Mais au bout d’un moment, il s’arrête devant une guest house qui n’est pas celle que nous cherchons. Je refuse de descendre. Il se repenche sur le plan et repart. Il tourne dans les rues et s’arrêtent régulièrement devant les commerces demander son chemin, jusqu’au moment où il me dépose précisément devant la porte de l’hôtel. En voilà un qui n’a pas volé son pourboire, je lui laisse 100 roupies. Il est heureux et moi aussi, il est à peine 22h30.
En repensant à tout ça, je me dis que je suis assez content de moi et que sur ce coup que je m’en suis bien sortit (Un peu d’autosatisfaction ne fait pas de mal non ?). Le lendemain en visitant fort Cochin, je me suis dit que j’aurais pu profiter de l’arrêt imprévu au stand du marchand de parapluie pour en faire l’emplette. Ne l’ayant pas fait, je suis arrivé à l’hôtel aussi trempé que la veille au soir. J’ai donc acheté un parapluie et depuis, il n’a pas plu.

Pour en terminer, j’ai une pensée toute particulière pour Coralie, ma fille unique adorée et préférée qui m’a généreusement donné son couvre sac à dos. Il fonctionne très bienJ. Merci Coco !






3 commentaires:

  1. Que d'eau, que d'eau, comme disait Mac Mahon devant la crue de la Garonne en 1875... Et pendant ce temps, chez nous, c'est l'été de la Saint Martin, beau et chaud.
    Bonne continuation très cher Michel!

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