Ooty, Tamil Nadu
Distance parcourue depuis le départ : 11347 km
Ou est Michel ? : Par ici.
Ooty, une Station d’altitude perchée à 2200 mètres dans les
Nilgiri ou « blues mountains ». C’est pendant que je consultais un
plan de la région que je rencontrais Rajiv. Je cherchais des randonnées à
faire, il était guide de trekking, disponible et sympa. Nous sommes donc tombé
d’accord pour passer deux jours ensemble.
Rendez-vous pris le lendemain matin à 8 h 30 devant la guest
house, le bus qui dois nous emmener au point de départ passant à 9 heures.
Rajiv arrive à la cool. Il est 9 heures 20. Pas grave, on prend un thé (le
premier d’une longue série) et on prend le bus de 10 heures. Une heure plus
tard, nous voici trente kilomètre plus loin et à pied d’œuvre. D’abord un thé,
puis quelques emplettes et nous voilà en route. Rajiv a mon âge, il a l’air en
bonne forme et marche d’un pas alerte. Nous nous rendons dans un hameau situé à
4 kilomètre après le village, en empruntant une piste forestière. Ca grimpe
dur, il fait beau et chaud. Lorsque nous arrivons au village, mon guide
m’explique que ce sera notre camp de base pour notre premier jour. Une
randonnée en boucle est prévue et nous passerons la nuit dans ce hameau de sept
maisons. Deux de construction traditionnelle et les cinq autres de construction
moderne (Enfin d’après Rajiv).
La personne qui nous accueille est Mino. Il a 62
ans et c’est lui qui a formé Rajiv. On sent entre eux une forte complicité.
Nous prenons donc le thé et Rajiv attaque à rouler son premier joint de la
journée. Comme il est sympa, il fait tourner. Pour le moment au hameau, Mino
est seul. C’est une communauté animiste et végétarienne qui vit là. Une
quinzaine de personne la compose. Il prépare donc le repas, puis encore un ou deux
thés, pendant que Rajiv roule en rythme. En début d’après-midi, nous nous
mettons en route. Mino nous accompagne pour la balade. On marche paisiblement.
La région est superbe, entre cultures, forêt de mimosas et d’eucalyptus. On
croise un petit groupe qui ramasse des pommes de terre. On s’arrête discuter,
on prend quelques patates pour le repas du soir et un thé. Rajviv…
On reprend
la route en direction d’un temple qui se trouve sur un sommet. Quand le sentier
ne monte pas trop, nous tenons bon rythme. Dès que ça grimpe un peu plus, Mino
s’arrête régulièrement cracher une partie de ses poumons sur le bord du chemin.
C’est donc vers 17 heures que nous arrivons au somment du temple. Rajiv me
montre le chemin qui nous reste à parcourir. On doit descendre au village en
contrebas, puis remonter sur la droite, passer un col puis suivre la ligne de
crête jusqu’au hameau. J’estime qu’il nous faudra 30 à 40 minutes pour arriver
au village et plus d’une heure et demi pour faire le reste de chemin. La nuit
tombant à 18 heures…. Au village, on commence par prendre un thé, puis un
autre. Il fait maintenant nuit. Rajiv et Mino, me disent qu’ils ont une affaire
à régler juste à côté. C’est une histoire de 10 minutes et me demande de les
attendre. En effet dix minutes plus tard les revoici. On prend un thé et nous
partons. Mais depuis qu’ils sont revenus je trouve leur comportement étrange.
On reprend donc le chemin de nuit. Après deux cents mètres
sur une piste, nous quittons celle-ci pour partir droit dans la nature. Rapidement,
nous faisons une pause et Rajiv sort de son sac une bouteille de Gin bien
entamée. La voilà donc l’affaire urgente qu’ils avaient à régler… Vu qu’il n’y
a pas de thé, ils prennent une rasade et Rajiv prépare de quoi fumer. On est
dans la nuit à 100 mètres du village et on a encore une bonne heure et demie de
marche avec un col à passer. Pourquoi pas, mais on n’est pas couché. Il fait
nuit noire. Je suis le seul à avoir une lampe. Nous ne sommes plus sur un
chemin, mais tantôt sur des pierriers, tantôt dans des passages rocheux,
parfois dans de l’herbe rase. Rajiv marche en tête. Il est au moins vingt
mètres devant nous. Il est dans le noir total. Mino, vient ensuite et je ferme
la marche. Nous traversons plusieurs dalles rocheuses inclinées fortement.
Certaines sont mouillées, donc glissantes. Rajiv prévient à chaque fois.
« Attention sir, ça glisse, attention ». Le « sir », c’est
moi J…
A un moment il le fait un peu différemment. « Attention sir, ça glisse,
attentiiiioooooooonnnnnnn ! Nous le retrouverons quelques mètres plus bas,
sans dégâts. Au cas où je n’aurais pas pu apprécier tout le comique de la
situation, Rajiv me rejouera la scène un peu plus tard. Nous finissons quand
même par sortir en haut du col et par un sous-bois nous rejoignons le hameau.
Une quinzaine de personnes sont là. Toutes les maisons sont
ouvertes et les personnes passent le l’une à l’autre, manger, discuter, prendre
le thé. Impossible de dire chez qui on est. Je passe aussi de maison en maison,
discuter et jouer avec les enfants, regarder les cuisinières s’affairer aux
fourneaux, prendre un cours de broderie avec une des filles de Mino. La soirée
est agréable, les gens sont rieurs, bon enfant. Rajiv me dit tu dors ou tu
veux. Le repas pris, je me rends dans la maison de Mino pour y passer la nuit.
Mino me cède son lit. Rajiv dormira sur un bas flanc en béton et Mino par
terre. Aucun confort dans ces maisons. Une pièce unique, dans angle un coin
cuisine une étagère pour les ustensiles et c’est tout. Pas de chauffage, pas
d’eau courante, mais de l’électricité et la télé par satellite.
Après une nuit difficile, le matelas de Mino n’ayant de
matelas que le nom, et un petit déjeuné au lait cru de Buffalo, je reprends la
route avec Rajiv. On grimpe tout en haut d’une colline, puis la redescendons
par une vallée étroite et très humides jusqu’à un village. Il nous a fallu
trois heures pour faire ce bout de chemin sans trop traîner, puis pause
déjeuner dans un village. Au moment de repartir Rajiv rencontre un ami à lui
qui lui propose de le ravitailler en « Marie Jeanne ». C’est vrai que
mon guide n’a pour le moment pas encore fumé. Rajiv me demande s’il peut
s’absenter cinq minutes et part faire ses emplettes. Je reste seul assis sur un
muret. Un hurlulerlu qui n’a visiblement plus soif s’approche de moi. Il tient
à peine debout et tente d’engager la conversation. Comme je ne comprends rien à
ce qu’il tente de me dire l’individu s’énerve. Un groupe d’indien qui est à
proximité suit ce qui se passe de près. L’homme tente de m’agripper la main
afin que je le suive. Je le repousse sans violence, mais fermement. Il se
recule alors de quelques pas, soulève son sari et commence à pisser. Il est
alors chassé à coup de bâton par les habitants du village qui le surveillait.
Rajiv fini par revenir et nous reprenons la route. Nous traversons rivières et
plantations de thé tout l’après-midi. Le paysage est sublime, les gens
accueillants, c’est un vrai bonheur.
Nous arrivons en fin d’après-midi au
village ou vit Rajiv. Il m’invite à boire le thé et à manger chez lui. Il vit
dans une maison simple, au sol en terre battu avec sa femme et ses deux fils.
Moment de partage sympa et convivial autour d’un plat de riz et de quelques chappattis,
puis c’est le retour sur Ooty. Je rêve d’une bonne douche chaude. Elle sera
froide par une température d’à peine une dizaine de dégrée….
Je suis resté cinq jours dans la région. J’ai adoré. Ici, ce
n’est pas tout à fait l’Inde. Les gens sont accueillants et souriants. Peu,
voir pas de touristes, je n’ai rencontré ici aucun européen. Aucun chauffeur de
rickshaw ne m’a couru après. Personne de m’a demandé « what’s your name ou
commentoutoupel ? ». Les montagnes ne ressemblent pas à des
poubelles. Une certaine conscience écologiste semble être de mise, même si aux
vues des standards couramment admis chez nous on est encore loin du compte. On
trouve des poubelles dans les rues d’Ooty et en plus les gens les utilisent. Me
voici donc après ce séjour en altitude regonflé à bloc et prêt à reprendre la
route pour le Kérala.
Quelle superbe expérience tu vis là , tu nous fais rêver
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