vendredi 31 octobre 2014

Des journées ordinaires



Tiruchyrappaly, Tamil Nadu

Je vous raconte pas mal de chose depuis mon départ. Mais les journées ordinaires, ça se passe comment ? D’abord, tout ce que je vous ai narré depuis le début de mon aventure c’est passé durant des journées ordinaires. Mais ce soir je vais être plus général et vous raconter dans les grandes lignes mes deux derniers jours de voyage.

J’ai quitté l’Ashram de bonne heure. J’avais dans l’idée de rejoindre Kumili, en passant par Kottayam. En principe deux heures de bus jusqu’à Kottayan, puis quatre heures, jusqu’à Kumili. Environ 6 heures de transport pour cette première journée. Ça, c’est la théorie. En pratique, il en va toujours tout autrement. Afin de ne pas plonger dans la monotonie, j’ai commencé par me tromper de bus. Je suis partit dans le sens opposé. Oh, rien de bien méchant, j’ai juste mis cent kilomètres à m’en rendre compte. Ici, cent kilomètres, ça fait environ deux heures trente de route. Demi-tour et retour au point de départ, à peine cinq heures après en être partit. Je reprends tout à zéro et je fais tout bien comme il faut. Au bilan, douze heures de bus au lieu de six. Arrivée de nuit à Kumili, par chance il ne pleut pas, galère pour trouver une guest house et dodo. Chouette journée non ? Ben oui, quand même c’était une chouette journée, parce que quand votre bus traverse alternativement, les backwater, des rizières, des champs d’ananas, de bananiers, de cocotiers, des plantations de thé, des plantations d’hévéa, sous un beau ciel bleu mis en valeur par de jolis cumulus, et bien moi, je dis que ça, c’est une belle journée !

Le lendemain, re-bus en direction de Tiruchyrappaly. En fait on dit Trichy. C’est plus court et ça arrange tout le monde, moi y compris. Six heures et demi de bus et comme ce coup-ci je suis partit à l’endroit, ça a été beaucoup mieux. J’ai pu arriver en début d’après-midi et commencer la visite de la ville. J’ai prévu d’y rester deux jours, donc rien ne presse. J’ai au programme deux monuments pour l’après-midi. « Our lady of Lourdes church » ou pour les non anglophone (et je sais qu’ils sont nombreux) l’église notre dame de Lourdes. Oui, il y a ça même ici et puis il n’y a pas de raison à ce que je vous transporte dans des temples bouddhistes, des mosquées, des temples indous et que je me prive de le faire dans une église catholique (Maman, tu me remercieras plus tard) ! Cette église a été construite par des jésuites toulousains d’après les plans de la basilique de Lourdes. A mon avis, ils n’avaient pas les bons plans, mais l’idée était là et l’édifice est joli. Blanc et ocre à l’extérieur, blanc et rose à l’intérieur. J’ai poursuivi par le fort de la ville avant de regagner ma chambre pour des ablutions qui n’étaient pas superflues.

Pour bien commencer la soirée, j’ai eu envie d’aller prendre une bière au bar de l’hôtel. J’ai en effet la chance d’avoir un bar ou ils servent de l’alcool dans la guest house. C’est rare et ça fait plus d’un mois que je n’ai pas bu une goutte d’alcool. Mais l’endroit est glauque. Les indiens ont un rapport avec l’alcool qui n’est pas le nôtre. Ils boivent pour boire, caché du reste de la société. Rien de festif. J’ai l’impression d’être dans un bordel, de me confronter à l’interdit. Lumière tamisé, tables séparées par des brises vues, télévision à fond. Que des hommes seuls face à leurs verres qu’ils descendent consciencieusement les uns après les autres. C’est sordide. Aucun plaisir à boire ma bière, même si elle n’est pas mauvaise. Je décide donc d’aller manger. Je trouve un restau sympa ou je me commande un menu local et végétarien. Riz sauté aux légumes avec un jus d’orange pressé. C’est bon, très bon même. Le plat est servi sur des feuilles de bananier en guise d’assiette. C’est joli et écolo ! C’est bien sur épicé, normal me dirait vous, mais on a quand même rajouté un petit bol de sauce plus forte, un curry et un mélange de yaourt et d’oignon. Ça, c’est l’extincteur pour éteindre le feu ! Pas de couvert. On mange avec les doigts, ce qui exige un passage par le lavabo avant le repas. Moi, j’y vais pour me laver les mains. Les indiens eux y vont pour se laver la main. Ils ne se lavent que la main droite, celle avec laquelle ils vont manger. La gauche ils ne la mouillent même pas. La première fois que j’ai vu quelqu’un faire ça, je me suis dit « tiens, je suis tombé sur un original ! ». En fait, ils sont tous originaux ! Comme je mange seul et que les indiens ne sont pas bégueule, ils viennent volontiers compléter la table. J’ai mangé ce soir avec une petite famille, papa, maman et un petit garçon ou une petite fille. Je n’ai pas été capable de définir le sexe de l’enfant.

Là, je suis dans ma chambre. Il est vingt et une heure quinze et ma journée va se terminer en votre compagnie. Vous voyez, juste des journées ordinaires de voyageur. Je me lève, je me transporte, je visite, je mange et je dors. Je pense aussi souvent, je rêve, j’ouvre grand les yeux, je me remplis. Je suis un buvard…

N’ayant pas encore trouvé de connexion internet pour vous poster ce billet, je vais donc le poursuivre. Je suis à Pondicherry. Ah, ça sonne bien, vous ne trouvez pas ? Presque les colonies, mais en réalité un simple ex comptoir de la compagnie des Indes basée à Lorient. Un coin de Bretagne en somme, mais sans la pluie... Mais je reviendrais là-dessus très vite, pour l’instant je vais rester dans le sujet de ce billet. Comme on est en Bretagne, je vous précise que je sors d’un bar, ou en plus de servir des mojitos, je les ais sirotés en écoutant Richard Cocciante qui interprétait « Angélique ». Si là, ce n’est pas un coin de Bretagne, alors, je ne sais pas où je suis…

Mais revenons à nos moutons. Je souhaite ici répondre à une question qui m’a été posée par Did, un ami motard, qui ose poser des questions, voir faire des remarques. C’est une de ses principales qualités ! Ses interrogations concernent des considérations bassement matérielles, à savoir mes conditions de vie et le coût de la vie en Inde. Il souhaite en plus disposer de photos, sans doute compte il éditer à bon compte un guide touristique sur le pays…
Ayant été bien éduqué (merci maman), et ne pouvant laisser plus longtemps des questions d’importances en souffrance, je vais m’appliquer à répondre.
J’ai en référence le « guide du routard ». Je ne vais pas systématiquement dans des endroits préconisés par ce guide, mais il me sert de référence quant aux tarifs et prestations que je peux attendre de mes hébergements en fonctions des villes où je me trouve. Je vais vous parler en euros, c’est plus simple que de vous faire à chaque fois la conversion en roupies indiennes. Que les amoureux des mathématiques veulent bien me pardonner certaines libertés que je vais être amené à prendre avec l’exactitude des taux de change et des arrondis.
J’ai toujours trouvé à me loger de manière à peu près décente entre 6 et 10 €. J’entends par manière à peux près décente, une chambre, propre, basique, avec salle de bain privative et wc. Si je m’accommode parfois de chambres sommaires, voire rustiques, je suis assez regardant quant à la propreté des lieux. Je n’oublie pas toutefois que je suis en Inde et que la notion de propreté que l’on peut avoir en Europe est légèrement différente de celle que l’on a ici. Mais quand même…  Les chambres ont généralement deux lits simples et rarement un lit double. Comme de bien entendu l’ami Did ayant demandé des photos, je me suis exécuté et dans la chambre ou je suis ce soir et les plus observateurs d’entre vous auront remarqué la présence d’un lit double. L’exception qui confirme la règle… La salle d’eau est généralement sommaire, un lavabo, un wc et une douche. L’eau chaude est rare ou alors disponible uniquement à certaines heures de la journée. Mais au vu des températures, ce n’est pas réellement un problème pour le rustique que je suis. Bien sur ces chambres ne sont pas climatisées. Les nuits étant douces, un ventilateur de plafond suffit. Pour une chambre climatisée du même standard, il faut rajouter environ 4 €. Il est tout à fait possible de trouver moins cher, mais là, il faut faire l’impasse sur la propreté. Plus cher on peut aussi, il y a des palaces aux standards des hôtels de luxe de chez nous avec des prix tout à fait comparables.
Pour la nourriture, on trouve aussi de tout. Un repas « dans la rue » dépasse rarement les 2 €, boissons non comprises, mais si on mange vraiment local ou s’en sort pour moins de 1€. Dans un restaurant, il faut compter 3 à 4 € pour un repas basique. Là aussi comme pour les hôtels il est possible de faire grimper la note à l’envie.
Une bouteille d’eau minérale coûte 25 centimes, une bouteille de coca idem, une bouteille de bière de 660 ml quand j’en en trouve m’oblige à sortir de mon gousset la faramineuse somme de 2,80 €.

Pour être complet et éviter à Did de m’interroger a nouveau, je vais aborder rapidement car j’en aperçois certains qui baillent d’ennui, la question des transports sans entrer dans le détail des transports urbains ou là c’est à peu près n’importe quoi. Pour les longues distances il faut compter un bus « local » 1,3 centime d’euros le kilomètre. En train, « local aussi », c’est 1 centime d’euro le kilomètre. Je pourrais vous faire la différence entre train et bus climatisé, mais je ne pense pas qu’il y ait là une impérieuse nécessité.
Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une douce nuit. Tiens, c’est drôle ça ! Comme j’écris ce billet juste avant de me coucher, je présume que vous allez le lire vous aussi avant de vous coucher. Faudra que je vous parle un de ces quatre des préjugés….
Donc je me reprends et vous souhaite le meilleur et ce, à l’heure où vous êtes en train de me lire…


Ps : Faut absolument que j’arrête les mojitos ! Ça me fait faire des billets bien trop longs !











lundi 27 octobre 2014

Ommanashivaya



Amritapuri, Kérala

Distance parcourue depuis le départ : 12737 km

« Ommanashivaya », ou « que Shiva t’éclaire de sa lumière », c’est ainsi que nous nous saluons dans l’ashram de Amma. Quelques jours d’une retraite spirituelle, mais aussi de rencontre, de baignade, de méditation et de contemplation sur la plage, devant des couchers de soleil de carte postale.

Je suis arrivé ici en bus. Deux changements pour des villes aux noms imprononçable pour l’européen que je suis. Heureusement, que les Kéralais sont toujours aussi gentils pour me mettre sur la bonne route. C’est vers midi que je franchissais le portail de l’ashram. Un accueil fraternel, dans un environnement inconnu et mystèrieux. On me loge dans une chambre simple mais propre. Mes compagnons sont Marc, un jeune français catholique pratiquant et Gaby un bouddhiste brésilien, comme quoi, il n’y a pas au Brésil que des travestis et des joueurs de foot.
Les règles de vie de l’ashram sont simples et exigent pour les visiteurs dont je fais partis que nous nous inscrivions au « séva ». Les séva sont la participation à la vie communautaire par un « travail désintéressé ». Dans le temps, on appelait ça « les corvées » aujourd’hui on utilise un langage plus châtié en  parlant d’un « travail d’intérêt général ». Je me présente donc au bureau des « séva » ou un anglais me reçoit. Devant mon physique d’athlète, il me propose aussitôt un travail qu’il qualifie lui-même de dur et de par sa simple volonté, me voici transformé en éboueur…Rendez-vous est pris pour le lendemain matin 6 heures devant la déchetterie avec la responsable de ce séva. C’est tôt, mais bon, c’est un horaire d’éboueur et de toute façon, la vie de la communauté commence à 4 h 00 tous les matins.
C’est une américaine dont le nom de scène est Mahita qui m’accueille. Je dis nom de scène, car ici,  à par les visiteurs tout le monde à un nom spirituel. C’est une jeune femme d’une quarantaine d’année, sympa qui vit ici avec son mari depuis quatre ans. Et depuis quatre ans, elle fait les poubelles tous les matins, dimanche compris. Je serais pendant mon séjour, le seul européen avec elle. Trois indiens adeptes de la communauté nous aiderons dans cette tâche ingrate. J’ai passé d’excellent moment avec eux. Toujours drôles et de bonne humeur, c’était un plaisir que de les retrouver chaque jours.
La communauté gère ses déchets de façon remarquable. Le tri va bien au-delà de ce que nous pratiquons en Europe. Mais on est en Inde et ce pays est juste une gigantesque déchetterie. Je me disais que faire ce que nous faisions, correspondait à peu près à essayer de vider l’océan avec une petite cuillère. Mais bon, après tout pourquoi pas. J’ai apporté ma pierre à l’édifice de bon cœur, j’y ai même pris du plaisir.

Mais cette expérience a aussi et surtout été pour moi l’occasion de rencontres. Beaucoup de gens vivent ici. Certains comme moi sont juste de passage, d’autres sont là pour des périodes plus longues, d’autres encore y vivent à demeure. On y vient de tous les pays du monde. La communauté étant ouverte, toutes les religions sont les bienvenues. Amma, ne demande à personne de changer de religion. Elle demande juste que chacun offre à son prochain de l’amour inconditionnel. C’est donc un joyeux mélange. J’ai pris du plaisir à vivre au sein de cet ashram ces quelques jours. Je n’ai pas adhéré à tout bien évidement, mais ça restera une expérience forte.

En partant pour ce voyage, je savais que je sortais de ma « zone de confort ». J’entends par là, que je quittais une vie prévisible pour quelque chose de plus incertain. En voyage, soit on s’ouvre aux autres en allant vers eux ou en les accueillant, soit on reste seul. Chaque jour, les rencontres se font et de défont. Certaines sont fortes, d’autres plus anodines. Ces rencontres sont le sel du voyage. Rien n’est écrit. Rien n’est prévisible. Seule l’attitude que l’on adopte vis-à-vis des autres est génératrice de mouvement. Je traverse souvent des moments de joie, mais il m’arrive aussi de passer par le doute. Une attitude positive m’a toujours été du plus grand secours. Jamais le doute n’a duré. J’en profite ici pour vous remercier, vous qui me suivez, vous qui m’encouragez par le biais de vos commentaires ou de messages que vous me laissez via le net. Ils me font du bien et m’aide à passer ces moments creux. Je vous en suis reconnaissant.


La partie indienne de mon périple va bientôt s’achever. Encore deux semaines à parcourir ce pays si attachant mais aussi parfois si désespérant, puis suivra le Sri Lanka. J’ai fait les formalités de visa et le billet d’avion est dans ma poche. Mais avant ça, il me reste encore pas mal de chose à voir. Je prends demain la direction de Pondichéry. J’y serais d’ici une petite semaineJ.









mercredi 22 octobre 2014

A la plage


Appeley, Kérala

Distance parcourue depuis le départ : 12657 km

Ou est Michel ? : Par ici.

Ayant enfin compris et assimilé toutes les règles de la circulation en Inde (en fait il n’y en a pas), je me décide enfin à louer pour la journée un engin à deux roues. Je suis à Allepey, dans le Kérala et après avoir fait un tour de bateau sur les « backwater », j’ai envie de pousser jusqu’à une plage paraît-il sympa, une quinzaine de kilomètres plus au nord.
Le réceptionniste de la guest house, me propose moyennant une modique somme de me prêter son engin et un casque. Me voilà équipé, prêt à prendre la route de la plage.


Le premier carrefour que je franchis est embouteillé. Enfin, je veux dire embouteillé comme les indiens savent le faire. Mais aujourd’hui c’est mon jour de chance. Un policier à l’œil exercé, me repère et comprend instantanément que je vais luis mettre la pagaille à son carrefour. Il bondit donc au milieu de la chaussée, siffle, gesticule et me fait signe de passer avec un grand sourire… J’obéis promptement et me voilà sur la route qui longe la côte. La chaussée n’est pas très large. Elle est bordée d’une végétation luxuriante. Palmiers, cocotiers fleurs de toutes les couleurs, c’est un vrai bonheur. Je remarque aussi beaucoup de drapeaux communistes sur les maisons et les commerces. Ca contraste pas mal avec le nombre important d’églises. La région ayant été colonisée par les portugais, il y en effet ici une grosse communauté chrétienne. Les kéralais reconnaisse de loin que ce n’est pas un local qui conduit et à mon passage, beaucoup m’adressent sourires et signes de la main. Sous ce beau soleil, je suis bien et je fais des pointes jusqu’à 30 km/h au compteur de mon bolide. Tout le monde me double, mais je n’ai aucune envie d’aller plus vite. Je profite. 

J’arrive enfin sur la plage. Une belle plage de sable blanc, bordée de cocotier. Elle est quasiment déserte. Mais je cherche un endroit pour déjeuner, alors je reprends mon engin et me met à la recherche d’un restaurant en bord de plage. Pas évident à trouver. Je dois à chaque fois reprendre la route principale et chaque fois qu’un sentier la quitte en direction de la plage, aller l’explorer. Bien entendu les sentiers sont en sable et j’ai bien souvent l’impression de faire le « Paris-Dakar ». 
Après une bonne heure de recherche, je fini par trouver un endroit où il y a semble-t-il de la vie. Je suis en fait arrivé dans un centre de soin ayurvédique. Un ensemble de bungalows sous les cocotiers au bord de l’océan. C’est Marlène, une jeune anglaise qui m’accueille. Très gentiment elle m’explique où je suis et me dit que le centre ne sert à manger que pour ses résidents. Elle me propose cependant d’aller voir si le chef cuisinier accepte de me préparer un repas. La salle à manger est dans une cabane sur le sable. La maman de Marlène arrive avec le chef. Ils se feront un plaisir de me préparer quelque chose, mais le centre ne fait que de la nourriture végétarienne. Cool ça, j’accepte de bon cœur et ils m’apportent un vrai festin. Je me régale, assis face à l’océan. La cuisine Kéralaise est vraiment bonne. Epicée, mais tout en délicatesse. J’adore !
Au moment de partir, je me rends à l’office pour régler mon repas. Là, on me dit que je suis leur invité et qu’il n’est donc pas question de payer quoique ce soit. Je rêve ! Mais ou suis-je ? Vous imaginez vous un instant un centre de soin de bord de mer en France accueillir quelqu’un de passage, lui servir un repas vraiment extra et lui dire au final : «  ce fut un plaisir que de vous accueillir mon cher monsieur, d’ailleurs l’addition est pour nous » ? Vraiment les bras m’en sont tombés.

Après avoir ramassé mes bras, j’ai repris la route. Un petit stop pour boire un thé, un vrai dans une échoppe de bord de route. Là encore, je rencontre des gens chaleureux et accueillants. Alors que je pose des questions sur les pâtisseries en vitrine, le commerçant me fait goûter un peu de tout. Les deux personnes qui sont là, rigolent et se mêlent à la conversation. C’est convivial, j’y passe un bon moment et offre la tournée générale de thé. Que du bonheur ! Il y a des jours comme ça.

Sur le retour, je passe à la vitesse supérieure et je file un bon 40 km/h compteur, jusqu’à ce qu’un confrère motard, me coupe la route. Je saute sur les freins, mais ils ralentissent à peine l’engin. La technique du « pif,paf » soit, celle de l’évitement par l’arrière s’avérera fonctionner elle parfaitement. Voyant là un signe m’invitant à reprendre ma route à une allure restreinte, c’est dont tout tranquillement je j’ai regagné ma guest house.

C’était aujourd’hui mon dernier jour ici. Demain matin, je reprends la route, mais je ne vais pas bien loin. A peine à 50 kilomètres d’ici. J’ai prévu un petit stop dans un ashram J.







dimanche 19 octobre 2014

Les cons, c'est comme les emmerdes, ça vole en escadrille.



Cochin, Kérala

Distance parcourue depuis le départ : 11593 km

Ou est Michel ? : Par ici.

Michel Audiard, faisait dire dans un de ses films à Bernard Blier : «  Les cons, c’est comme les emmerdes, ça vole en escadrille ». C’est dans l’autre sens que cette citation m’est venue à l’esprit en arrivant à Cochin.

J’étais parti d’Ooty avec l’intention de rejoindre Cochin en deux jours en faisant une halte d’une nuit à Comboitore. Il faisait beau, j’étais en forme et en arrivant dans la ville étape, je me trouvais qu’il était tôt et qu’en me débrouillant bien, je pouvais rejoindre Cochin d’une traite. Je me mets donc à la recherche du bus qui va m’y conduire. Je galère un peu pour le trouver. Comboitore n’étant pas une ville touristique, personne ne parle anglais, surtout dans les stations de bus qui sont généralement fréquentée que par les plus basses couches de la population. Mais je fini par y arriver. Il est quinze heures, c’est cool, je suis content de moi.

Le bus démarre. A côté de moi, se trouve un jeune qui lui parle Anglais. On discute un peu et j’apprends que le bus va mettre six heures pour faire les 200 kilomètres. Je vais donc arriver à 21 heures, de nuit. Bon, jusque-là, rien de bien méchant bien que j’aurais préféré le faire de jours.
En chemin, je lis mon guide de voyage. Oui, je sais, je prépare mes itinéraires un peu tard, mais il y a des choses en moi que j’ai du mal à changer… Je jette mon dévolu sur une guest house, la repère sur le plan de la ville et la situe par rapport à la gare routière. Enfin, je lis les généralités sur la ville. On y indique de se méfier tout particulièrement des chauffeurs de rickshaws, qui à priori sont relativement coriaces. Bon, je vais gérer, au pire j’irais à pied. Même de nuit la distance à faire n’étant que d’un kilomètre et demi soit un bon quart d’heure.

Je profite enfin du paysage. C’est magnifique. On est dans le Kérala. Au sud de l’inde, en zone tropicale. Palmiers, bananiers, cocotiers et champs de riz se succèdent. Cette partie de l’Inde ayant été colonisée par les portugais, beaucoup de demeure de style colonial, mais à l’indienne. Si j’ai tendance parfois à l’oublier, il me suffit de me retourner vers l’intérieur du bus. En effet l’indien étant particulièrement solidaire, personne n’est laissé sur le bord du chemin. Le bus se remplit, il est plein, il déborde, il y a de l’indien partout, bref c’est l’Inde.

A dix-huit heures la nuit tombe. Plus que trois heures de route, mais en même temps que la nuit, la pluie elle aussi décide de tomber. Je vous disais plus haut qu’on est en zone tropicale, c’est donc une pluie tropicale. Je pense que quelque part, il doit y avoir toute une escouade de gars qui nous jettent des sceaux d’eau sans discontinuer. Comme dirait un ami : « il pleut comme si on payait pas l’eau ». Ah, oui un détail, le bus n’a pas de fenêtre, juste des rideaux hors d’âge ! Ben oui, on est dans un pays chaud oui ou non ? Pour résumer la situation, je suis dans une baignoire qui roule de nuit en Inde et ça va durer trois heures… Par chance, je n’ai pas une place coté fenêtre, mais coté couloir. Elle n’est pas belle la vie ?

Vingt et une heures, nous entrons dans Cochin. La ville est immense, un million quatre cents mille habitants. C’est très étendu. Le bus s’arrête souvent pour faire descendre du monde. A un arrêt, le portier vient me voir et me dit que je dois descendre là. Je lui explique que je veux aller à la gare routière, donc au terminus du bus, mais à priori, le bus n’y va pas. L’arrêt qu’il m’indique est le plus proche.
Me voilà donc dehors, sous une pluie battante de nuit, avec mon gros sac à dos et ma musette et je n’ai aucune idée de l’endroit où je suis. Je me précipite sous un arrêt de bus à proximité, mais en quelques mètres, je suis trempé, sur la route, j’ai de l’eau jusqu’en haut des chevilles. Bon, il faut que je me pose un peu pour réfléchir. Il y a bien des rickshaws à proximité, mais vu que je ne sais pas où je suis, je vais avoir du mal à négocier. Je me dis qu’en tout cas, c’est une solution que je pourrais utiliser en dernier recours. Je me renseigne auprès des personnes qui sont près de moi. Je découvre rapidement qu’ici au Kérala, les gens sont adorables. Même dans une grande agglomération. Le premier ne comprend rien, mais il demande à un second qui demande à un troisième et c’est bientôt tout l’arrêt de bus qui se penche sur mon guide touristique pour essayer de résoudre le problème. Un jeune homme me dit qu’il va m’aider à me rapprocher de mon objectif et me demande de le suivre. Nous nous rendons quelques centaines de mètres plus loin et nous sautons dans un bus. Mon accompagnateur me dit qu’il descend dans deux stations, mais il a prévenu le chauffeur qui lui m’indiquera l’endroit où descendre. C’est ce qui se passe. Je me retrouve à nouveau dehors, sous une pluie toujours aussi intense. Je sais que je suis plus très loin du but, mais je suis incapable de dire à quelle distance, ni même dans quelle direction. Je cherche à m’abriter pour faire le point. Un commerce est ouvert, je me précipite sous son auvent. Le type vend des parapluies…..

Bon maintenant il ne me reste plus que la solution tuktuk. Justement en voilà un. Je le hèle et monte à son bord. Je sors à nouveau mon plan, mes lunettes (c’est super pratique sous la pluie les lunettes !) et ma frontale. Mon interlocuteur ne parle pas un mot d’anglais, mais se penche sur la carte et me dit ok, ça fera 40 roupies, soit moins de cinquante centimes d’euro. C’est parti ! On n’est pas très loin et le gars se donne visiblement du mal pour trouver. Mais au bout d’un moment, il s’arrête devant une guest house qui n’est pas celle que nous cherchons. Je refuse de descendre. Il se repenche sur le plan et repart. Il tourne dans les rues et s’arrêtent régulièrement devant les commerces demander son chemin, jusqu’au moment où il me dépose précisément devant la porte de l’hôtel. En voilà un qui n’a pas volé son pourboire, je lui laisse 100 roupies. Il est heureux et moi aussi, il est à peine 22h30.
En repensant à tout ça, je me dis que je suis assez content de moi et que sur ce coup que je m’en suis bien sortit (Un peu d’autosatisfaction ne fait pas de mal non ?). Le lendemain en visitant fort Cochin, je me suis dit que j’aurais pu profiter de l’arrêt imprévu au stand du marchand de parapluie pour en faire l’emplette. Ne l’ayant pas fait, je suis arrivé à l’hôtel aussi trempé que la veille au soir. J’ai donc acheté un parapluie et depuis, il n’a pas plu.

Pour en terminer, j’ai une pensée toute particulière pour Coralie, ma fille unique adorée et préférée qui m’a généreusement donné son couvre sac à dos. Il fonctionne très bienJ. Merci Coco !






samedi 18 octobre 2014

En randonnée.


Ooty, Tamil Nadu
Distance parcourue depuis le départ : 11347 km
Ou est Michel ? : Par ici.

Ooty, une Station d’altitude perchée à 2200 mètres dans les Nilgiri ou « blues mountains ». C’est pendant que je consultais un plan de la région que je rencontrais Rajiv. Je cherchais des randonnées à faire, il était guide de trekking, disponible et sympa. Nous sommes donc tombé d’accord pour passer deux jours ensemble.
Rendez-vous pris le lendemain matin à 8 h 30 devant la guest house, le bus qui dois nous emmener au point de départ passant à 9 heures. Rajiv arrive à la cool. Il est 9 heures 20. Pas grave, on prend un thé (le premier d’une longue série) et on prend le bus de 10 heures. Une heure plus tard, nous voici trente kilomètre plus loin et à pied d’œuvre. D’abord un thé, puis quelques emplettes et nous voilà en route. Rajiv a mon âge, il a l’air en bonne forme et marche d’un pas alerte. Nous nous rendons dans un hameau situé à 4 kilomètre après le village, en empruntant une piste forestière. Ca grimpe dur, il fait beau et chaud. Lorsque nous arrivons au village, mon guide m’explique que ce sera notre camp de base pour notre premier jour. Une randonnée en boucle est prévue et nous passerons la nuit dans ce hameau de sept maisons. Deux de construction traditionnelle et les cinq autres de construction moderne (Enfin d’après Rajiv).
La personne qui nous accueille est Mino. Il a 62 ans et c’est lui qui a formé Rajiv. On sent entre eux une forte complicité. Nous prenons donc le thé et Rajiv attaque à rouler son premier joint de la journée. Comme il est sympa, il fait tourner. Pour le moment au hameau, Mino est seul. C’est une communauté animiste et végétarienne qui vit là. Une quinzaine de personne la compose. Il prépare donc le repas, puis encore un ou deux thés, pendant que Rajiv roule en rythme. En début d’après-midi, nous nous mettons en route. Mino nous accompagne pour la balade. On marche paisiblement. La région est superbe, entre cultures, forêt de mimosas et d’eucalyptus. On croise un petit groupe qui ramasse des pommes de terre. On s’arrête discuter, on prend quelques patates pour le repas du soir et un thé. Rajviv… 
On reprend la route en direction d’un temple qui se trouve sur un sommet. Quand le sentier ne monte pas trop, nous tenons bon rythme. Dès que ça grimpe un peu plus, Mino s’arrête régulièrement cracher une partie de ses poumons sur le bord du chemin. C’est donc vers 17 heures que nous arrivons au somment du temple. Rajiv me montre le chemin qui nous reste à parcourir. On doit descendre au village en contrebas, puis remonter sur la droite, passer un col puis suivre la ligne de crête jusqu’au hameau. J’estime qu’il nous faudra 30 à 40 minutes pour arriver au village et plus d’une heure et demi pour faire le reste de chemin. La nuit tombant à 18 heures…. Au village, on commence par prendre un thé, puis un autre. Il fait maintenant nuit. Rajiv et Mino, me disent qu’ils ont une affaire à régler juste à côté. C’est une histoire de 10 minutes et me demande de les attendre. En effet dix minutes plus tard les revoici. On prend un thé et nous partons. Mais depuis qu’ils sont revenus je trouve leur comportement étrange.
On reprend donc le chemin de nuit. Après deux cents mètres sur une piste, nous quittons celle-ci pour partir droit dans la nature. Rapidement, nous faisons une pause et Rajiv sort de son sac une bouteille de Gin bien entamée. La voilà donc l’affaire urgente qu’ils avaient à régler… Vu qu’il n’y a pas de thé, ils prennent une rasade et Rajiv prépare de quoi fumer. On est dans la nuit à 100 mètres du village et on a encore une bonne heure et demie de marche avec un col à passer. Pourquoi pas, mais on n’est pas couché. Il fait nuit noire. Je suis le seul à avoir une lampe. Nous ne sommes plus sur un chemin, mais tantôt sur des pierriers, tantôt dans des passages rocheux, parfois dans de l’herbe rase. Rajiv marche en tête. Il est au moins vingt mètres devant nous. Il est dans le noir total. Mino, vient ensuite et je ferme la marche. Nous traversons plusieurs dalles rocheuses inclinées fortement. Certaines sont mouillées, donc glissantes. Rajiv prévient à chaque fois. « Attention sir, ça glisse, attention ». Le « sir », c’est moi J… A un moment il le fait un peu différemment. « Attention sir, ça glisse, attentiiiioooooooonnnnnnn ! Nous le retrouverons quelques mètres plus bas, sans dégâts. Au cas où je n’aurais pas pu apprécier tout le comique de la situation, Rajiv me rejouera la scène un peu plus tard. Nous finissons quand même par sortir en haut du col et par un sous-bois nous rejoignons le hameau.
Une quinzaine de personnes sont là. Toutes les maisons sont ouvertes et les personnes passent le l’une à l’autre, manger, discuter, prendre le thé. Impossible de dire chez qui on est. Je passe aussi de maison en maison, discuter et jouer avec les enfants, regarder les cuisinières s’affairer aux fourneaux, prendre un cours de broderie avec une des filles de Mino. La soirée est agréable, les gens sont rieurs, bon enfant. Rajiv me dit tu dors ou tu veux. Le repas pris, je me rends dans la maison de Mino pour y passer la nuit. Mino me cède son lit. Rajiv dormira sur un bas flanc en béton et Mino par terre. Aucun confort dans ces maisons. Une pièce unique, dans angle un coin cuisine une étagère pour les ustensiles et c’est tout. Pas de chauffage, pas d’eau courante, mais de l’électricité et la télé par satellite.
Après une nuit difficile, le matelas de Mino n’ayant de matelas que le nom, et un petit déjeuné au lait cru de Buffalo, je reprends la route avec Rajiv. On grimpe tout en haut d’une colline, puis la redescendons par une vallée étroite et très humides jusqu’à un village. Il nous a fallu trois heures pour faire ce bout de chemin sans trop traîner, puis pause déjeuner dans un village. Au moment de repartir Rajiv rencontre un ami à lui qui lui propose de le ravitailler en « Marie Jeanne ». C’est vrai que mon guide n’a pour le moment pas encore fumé. Rajiv me demande s’il peut s’absenter cinq minutes et part faire ses emplettes. Je reste seul assis sur un muret. Un hurlulerlu qui n’a visiblement plus soif s’approche de moi. Il tient à peine debout et tente d’engager la conversation. Comme je ne comprends rien à ce qu’il tente de me dire l’individu s’énerve. Un groupe d’indien qui est à proximité suit ce qui se passe de près. L’homme tente de m’agripper la main afin que je le suive. Je le repousse sans violence, mais fermement. Il se recule alors de quelques pas, soulève son sari et commence à pisser. Il est alors chassé à coup de bâton par les habitants du village qui le surveillait. Rajiv fini par revenir et nous reprenons la route. Nous traversons rivières et plantations de thé tout l’après-midi. Le paysage est sublime, les gens accueillants, c’est un vrai bonheur. 
Nous arrivons en fin d’après-midi au village ou vit Rajiv. Il m’invite à boire le thé et à manger chez lui. Il vit dans une maison simple, au sol en terre battu avec sa femme et ses deux fils. Moment de partage sympa et convivial autour d’un plat de riz et de quelques chappattis, puis c’est le retour sur Ooty. Je rêve d’une bonne douche chaude. Elle sera froide par une température d’à peine une dizaine de dégrée….
Je suis resté cinq jours dans la région. J’ai adoré. Ici, ce n’est pas tout à fait l’Inde. Les gens sont accueillants et souriants. Peu, voir pas de touristes, je n’ai rencontré ici aucun européen. Aucun chauffeur de rickshaw ne m’a couru après. Personne de m’a demandé « what’s your name ou commentoutoupel ? ». Les montagnes ne ressemblent pas à des poubelles. Une certaine conscience écologiste semble être de mise, même si aux vues des standards couramment admis chez nous on est encore loin du compte. On trouve des poubelles dans les rues d’Ooty et en plus les gens les utilisent. Me voici donc après ce séjour en altitude regonflé à bloc et prêt à reprendre la route pour le Kérala.










lundi 13 octobre 2014

Annecdotes


OOTY, Tamil Nadu

Distance parcourue depuis le départ : 12239 km

Ou est Michel ? : Par ici.

Proposition malhonnête :

J’étais à Hampi. J’avais choisi de visiter le site à vélo et de partir tôt afin d’éviter les grosses chaleurs. A l’entrée d’un site magnifique un gardien est là, en uniforme. La masse des touristes n’est pas  encore arrivée et je suis seul sur le site. Bientôt le gardien me rejoint et entame la conversation dans un anglais plus qu’approximatif. A un moment, il me montre son dos et me dit « packing ? ». Je pense qu’il me demande si je suis un « back packer », c’est-à-dire si je voyage sac sur le dos. Je lui réponds donc oui et continue la visite. Il m’invite à de le suivre. C’est fréquent ici, chaque gardien voulant montrer les plus beaux endroits du site afin de glaner quelques roupies. Il m’entraîne derrière un grand mur. Devant moi un champ de ruines, rien de remarquable la région en est remplie. Il me demande à nouveau «  Packing ? » en me montrant de nouveau ses reins. Etant toujours sur la même supposition je réponds à nouveau oui, puis tourne les talons vers l’intérieur du temple. Le gardien me suit. L’endroit est sombre mais magnifique. Le gardien me montre une ou deux sculptures puis demande à nouveau « Packing ? ».
N’étant plus sûr de rien, je lui dis que je ne comprends pas. Il me désigne alors ses fesses et de son autre main, mon sexe. Tout deviens plus clair…. Depuis le début le bellâtre me dit « fucking ? ». Dans un grand éclat de rire, je décline poliment la proposition. L’homme se confond en excuse et disparaît.
J’ai un de ces succès moi J


Braquage :

J’étais à Badami. Je flânais, faisant le tour du lac. Tenaillé par la faim je m’arrêtai dans une échoppe acheter quelques gourmandises. Oubliant que l’endroit était peuplé de singes, je cheminais paisiblement mon paquet de biscuits à la main. Bien mal m’en a pris. Quelques dizaines de mètres plus loin j’étais sommé par un gros mâle de partager les gâteaux. A la question la bourse ou la vie, j’ai toujours pensé qu’il était préférable d’opter pour la seconde hypothèse .J’ai donc préféré jouer profil bas et abandonner l’intégralité du butin au bandit de grand chemin qui, son forfait accomplit, fila sans se retourner.
J’ai quand même racheté des gâteaux, mais je les ai mangés dans ma chambre….


Au musée, on ne plaisante pas :

Je visitais le musée d’art de Mysore. Enfin, le musée…Ici on l’appelle comme ça mais en fait l’endroit tiens plus d’un cabinet de curiosités que d’un musée tel qu’on l’entend dans nos contrée. Un groupe d’une vingtaine d’adolescent me précède. Ils chahutent gentiment, mais bruyamment. Les gardiens ont des sifflets et sifflent chaque fois qu’ils veulent interpeller quelqu’un. Autant vous dire que ça siffle plus que lors d’un match de la Section Paloise. Mais tout à coup, l’agitation se calme. Un autre gardien vient de rentrer dans la salle. Il porte en bandoulière un fusil de chasse…
Il suivra le groupe pas à pas jusqu’à la sortie, ne les quittant pas d’une semelle. J’ai pu terminer ma visite dans le calme J.

Et pour rassurer tout le monde, j'ai même pas entendu parler du cyclone...







vendredi 10 octobre 2014

Céleste


Hampi, Karantaka

Distance parcourue depuis le départ : 11347 km

Ou est Michel ? : Par ici.

C’est juste après la sieste que j’ai rencontré Céleste.
L’agence de voyage ou j’avais prévu d’acheter mon billet de train pour l’étape suivante étant temporairement fermée, j’avais décidé d’aller trainer mes guêtres aux environs du « Virupaksha », un temple monumental à deux pas de mon hôtel. Bien m’en a pris.

Je l’ai d’abord entendue arrivée. Enfin pour être précis j’ai d’abord entendu son camion. Elle était sur le plateau, seule, indifférente à la foule des badauds qui ne manquaient pas de se retourner sur son passage. Il faut dire que l’attelage était pour le moins incongru, une éléphante se promenant ainsi passe difficilement inaperçue.


D’une manœuvre habile, le conducteur du camion positionnât son engin « à quai », juste sur le parvis du temple et le cornac descendu du camion ouvrit la ridelle. D’une voix douce il s’adressa à Céleste qui entreprit de se retourner et sans faire de manière descendit du camion. Visiblement elle savait où elle allait, car elle obliquât sur sa droite et sans hésitation se mit en chemin. C’est là que je l’ai vu de près. En effet, subjugué par ce spectacle je m’étais positionné contre le mur du temple sans me douter un instant que Céleste n’allait pas au temple, mais faire ses ablutions. J’étais sur son chemin et c’est le dos collé au mur que je la regardais passer. 
Elle avançait d’un pas tranquille. Enfin, tranquille pour un éléphant, car pour un homme c’est plutôt un bon rythme. Son cornac derrière elle lui adressait juste quelques mots auxquels elle réagissait prestement. Sur son passage, pas mal d’Indien semblaient voir passer « Ganesh ». Ils la touchaient, puis portaient la main à leur front. L’un d’eux lui offrit même un régime de bananes, qu’elle engloutit en une bouchée. Elle fit une pose ou elle ramassât de la poussière pour s’en asperger puis repris son chemin, descendant sur les ghats au bord du fleuve en empruntant les escaliers comme tout le monde.

J’ai ensuite assisté au bain de Céleste. Une fois dans l’eau, elle commença par s’asperger très consciencieusement. Elle n’oublia pas un seul endroit. Ce n’est pas comme ces rouleaux à la noix où l’on lave nos voitures. Non, là elle a fait tout bien, elle n’avait plus un poil de sec.
Un Indien vêtu d’un sari orange c’est alors approché à environ un mètre face à elle, tête basse et mains jointes. Le cornac prononça un mot. Doucement. Céleste commença alors à asperger copieusement son admirateur. Jugeant sans doute avoir eu son compte d’eau, l’inconditionnel se retira après quelques « giclées » en remerciant Céleste par quelques prosternations.

En s’adressant à Céleste toujours d’un ton étonnamment doux le cornac la fit se coucher sur le flanc puis commença à la laver aidé d’un acolyte. Les Gestes étaient vigoureux, mais empreint d’un grande attention, je dirais presque de tendresse. Céleste semblait « aux anges ».
Puis elle se releva. Propre. Enfin presque, car le cornac dit lui dit encore juste un mot, puis passa derrière elle, se baissa et à deux mains entrepris de lui frictionner la vulve….Moi, là, je dis chapeau ! Faut oser ! Je peux vous assurer qu’à ce moment-là, j’ai dû me pincer pour vérifier que je n’étais plus dans mon lit en train de rêver.

Ceci fait, Céleste embarqua à son bord son Cornac et son acolyte, puis toujours par l’escalier elle rejoignit le temple ou elle fit une entrée très remarquée.

Ici, c’est Hampi. Un ensemble monumental de 400 temples sur une surface de 30 kilomètres carrés.
En descendant du bus ce matin, ivre de fatigue, j’ai ouvert grand les yeux dit « Waouhhhh ». La seule autre fois dans ma vie ou j’ai dit ça devant un monument, c’était à Bagan en Birmanie.

Incrédible India !

NB : Pour les ignares ou les plus jeunes, je précise que Céleste est l'épouse de Babar....