Tiruchyrappaly, Tamil Nadu
Je vous raconte pas mal de chose depuis mon départ. Mais les
journées ordinaires, ça se passe comment ? D’abord, tout ce que je vous ai
narré depuis le début de mon aventure c’est passé durant des journées
ordinaires. Mais ce soir je vais être plus général et vous raconter dans les
grandes lignes mes deux derniers jours de voyage.
J’ai quitté l’Ashram de bonne heure. J’avais dans l’idée de
rejoindre Kumili, en passant par Kottayam. En principe deux heures de bus
jusqu’à Kottayan, puis quatre heures, jusqu’à Kumili. Environ 6 heures de
transport pour cette première journée. Ça, c’est la théorie. En pratique, il en
va toujours tout autrement. Afin de ne pas plonger dans la monotonie, j’ai
commencé par me tromper de bus. Je suis partit dans le sens opposé. Oh, rien de
bien méchant, j’ai juste mis cent kilomètres à m’en rendre compte. Ici, cent
kilomètres, ça fait environ deux heures trente de route. Demi-tour et retour au
point de départ, à peine cinq heures après en être partit. Je reprends tout à
zéro et je fais tout bien comme il faut. Au bilan, douze heures de bus au lieu
de six. Arrivée de nuit à Kumili, par chance il ne pleut pas, galère pour
trouver une guest house et dodo. Chouette journée non ? Ben oui, quand
même c’était une chouette journée, parce que quand votre bus traverse
alternativement, les backwater, des rizières, des champs d’ananas, de
bananiers, de cocotiers, des plantations de thé, des plantations d’hévéa, sous
un beau ciel bleu mis en valeur par de jolis cumulus, et bien moi, je dis que ça,
c’est une belle journée !
Le lendemain, re-bus en direction de Tiruchyrappaly. En fait
on dit Trichy. C’est plus court et ça arrange tout le monde, moi y compris. Six
heures et demi de bus et comme ce coup-ci je suis partit à l’endroit, ça a été
beaucoup mieux. J’ai pu arriver en début d’après-midi et commencer la visite de
la ville. J’ai prévu d’y rester deux jours, donc rien ne presse. J’ai au
programme deux monuments pour l’après-midi. « Our lady of Lourdes
church » ou pour les non anglophone (et je sais qu’ils sont nombreux)
l’église notre dame de Lourdes. Oui, il y a ça même ici et puis il n’y a pas de
raison à ce que je vous transporte dans des temples bouddhistes, des mosquées,
des temples indous et que je me prive de le faire dans une église catholique
(Maman, tu me remercieras plus tard) ! Cette église a été construite par
des jésuites toulousains d’après les plans de la basilique de Lourdes. A mon
avis, ils n’avaient pas les bons plans, mais l’idée était là et l’édifice est
joli. Blanc et ocre à l’extérieur, blanc et rose à l’intérieur. J’ai poursuivi
par le fort de la ville avant de regagner ma chambre pour des ablutions qui
n’étaient pas superflues.
Pour bien commencer la soirée, j’ai eu envie d’aller prendre
une bière au bar de l’hôtel. J’ai en effet la chance d’avoir un bar ou ils
servent de l’alcool dans la guest house. C’est rare et ça fait plus d’un mois
que je n’ai pas bu une goutte d’alcool. Mais l’endroit est glauque. Les indiens
ont un rapport avec l’alcool qui n’est pas le nôtre. Ils boivent pour boire,
caché du reste de la société. Rien de festif. J’ai l’impression d’être dans un
bordel, de me confronter à l’interdit. Lumière tamisé, tables séparées par des
brises vues, télévision à fond. Que des hommes seuls face à leurs verres qu’ils
descendent consciencieusement les uns après les autres. C’est sordide. Aucun
plaisir à boire ma bière, même si elle n’est pas mauvaise. Je décide donc
d’aller manger. Je trouve un restau sympa ou je me commande un menu local et
végétarien. Riz sauté aux légumes avec un jus d’orange pressé. C’est bon, très
bon même. Le plat est servi sur des feuilles de bananier en guise d’assiette.
C’est joli et écolo ! C’est bien sur épicé, normal me dirait vous, mais on
a quand même rajouté un petit bol de sauce plus forte, un curry et un mélange
de yaourt et d’oignon. Ça, c’est l’extincteur pour éteindre le feu ! Pas
de couvert. On mange avec les doigts, ce qui exige un passage par le lavabo
avant le repas. Moi, j’y vais pour me laver les mains. Les indiens eux y vont
pour se laver la main. Ils ne se lavent que la main droite, celle avec laquelle
ils vont manger. La gauche ils ne la mouillent même pas. La première fois que
j’ai vu quelqu’un faire ça, je me suis dit « tiens, je suis tombé sur un
original ! ». En fait, ils sont tous originaux ! Comme je mange
seul et que les indiens ne sont pas bégueule, ils viennent volontiers compléter
la table. J’ai mangé ce soir avec une petite famille, papa, maman et un petit
garçon ou une petite fille. Je n’ai pas été capable de définir le sexe de
l’enfant.
Là, je suis dans ma chambre. Il est vingt et une heure
quinze et ma journée va se terminer en votre compagnie. Vous voyez, juste des
journées ordinaires de voyageur. Je me lève, je me transporte, je visite, je
mange et je dors. Je pense aussi souvent, je rêve, j’ouvre grand les yeux, je
me remplis. Je suis un buvard…
N’ayant pas encore trouvé de connexion internet pour vous
poster ce billet, je vais donc le poursuivre. Je suis à Pondicherry. Ah, ça
sonne bien, vous ne trouvez pas ? Presque les colonies, mais en réalité un
simple ex comptoir de la compagnie des Indes basée à Lorient. Un coin de
Bretagne en somme, mais sans la pluie... Mais je reviendrais là-dessus très
vite, pour l’instant je vais rester dans le sujet de ce billet. Comme on est en
Bretagne, je vous précise que je sors d’un bar, ou en plus de servir des
mojitos, je les ais sirotés en écoutant Richard Cocciante qui interprétait
« Angélique ». Si là, ce n’est pas un coin de Bretagne, alors, je ne
sais pas où je suis…
Mais revenons à nos moutons. Je souhaite ici répondre à une
question qui m’a été posée par Did, un ami motard, qui ose poser des questions,
voir faire des remarques. C’est une de ses principales qualités ! Ses
interrogations concernent des considérations bassement matérielles, à savoir
mes conditions de vie et le coût de la vie en Inde. Il souhaite en plus
disposer de photos, sans doute compte il éditer à bon compte un guide touristique
sur le pays…
Ayant été bien éduqué (merci maman), et ne pouvant laisser
plus longtemps des questions d’importances en souffrance, je vais m’appliquer à
répondre.
J’ai en référence le « guide du routard ». Je ne
vais pas systématiquement dans des endroits préconisés par ce guide, mais il me
sert de référence quant aux tarifs et prestations que je peux attendre de mes
hébergements en fonctions des villes où je me trouve. Je vais vous parler en euros, c’est plus simple que de vous faire à chaque fois la conversion en
roupies indiennes. Que les amoureux des mathématiques veulent bien me pardonner
certaines libertés que je vais être amené à prendre avec l’exactitude des taux
de change et des arrondis.
J’ai toujours trouvé à me loger de manière à peu près
décente entre 6 et 10 €. J’entends par manière à peux près décente, une
chambre, propre, basique, avec salle de bain privative et wc. Si je m’accommode
parfois de chambres sommaires, voire rustiques, je suis assez regardant quant à la
propreté des lieux. Je n’oublie pas toutefois que je suis en Inde et que la
notion de propreté que l’on peut avoir en Europe est légèrement différente de
celle que l’on a ici. Mais quand même…
Les chambres ont généralement deux lits simples et rarement un lit
double. Comme de bien entendu l’ami Did ayant demandé des photos, je me suis
exécuté et dans la chambre ou je suis ce soir et les plus observateurs d’entre
vous auront remarqué la présence d’un lit double. L’exception qui confirme la
règle… La salle d’eau est généralement sommaire, un lavabo, un wc et une douche. L’eau chaude est rare ou alors
disponible uniquement à certaines heures de la journée. Mais au vu des
températures, ce n’est pas réellement un problème pour le rustique que je suis.
Bien sur ces chambres ne sont pas climatisées. Les nuits étant douces, un ventilateur
de plafond suffit. Pour une chambre climatisée du même standard, il faut rajouter
environ 4 €. Il est tout à fait possible de trouver moins cher, mais là, il
faut faire l’impasse sur la propreté. Plus cher on peut aussi, il y a des
palaces aux standards des hôtels de luxe de chez nous avec des prix tout à fait
comparables.
Pour la nourriture, on trouve aussi de tout. Un repas
« dans la rue » dépasse rarement les 2 €, boissons non comprises,
mais si on mange vraiment local ou s’en sort pour moins de 1€. Dans un
restaurant, il faut compter 3 à 4 € pour un repas basique. Là aussi comme pour
les hôtels il est possible de faire grimper la note à l’envie.
Une bouteille d’eau minérale coûte 25 centimes, une
bouteille de coca idem, une bouteille de bière de 660 ml quand j’en en trouve
m’oblige à sortir de mon gousset la faramineuse somme de 2,80 €.
Pour être complet et éviter à Did de m’interroger a nouveau, je vais
aborder rapidement car j’en aperçois certains qui baillent d’ennui, la question
des transports sans entrer dans le détail des transports urbains ou là c’est à
peu près n’importe quoi. Pour les longues distances il faut compter un bus
« local » 1,3 centime d’euros le kilomètre. En train, « local
aussi », c’est 1 centime d’euro le kilomètre. Je pourrais vous faire la
différence entre train et bus climatisé, mais je ne pense pas qu’il y ait là
une impérieuse nécessité.
Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une douce nuit.
Tiens, c’est drôle ça ! Comme j’écris ce billet juste avant de me coucher,
je présume que vous allez le lire vous aussi avant de vous coucher. Faudra que
je vous parle un de ces quatre des préjugés….
Donc je me reprends et vous souhaite le meilleur et ce, à
l’heure où vous êtes en train de me lire…