dimanche 31 janvier 2016

Un merveilleux voyage en TLB (1*).


Thakhek. Laos.



Un voyage en musique vous tente ?
Oui ? 
Alors suivez-moi…

Je fuis le nord du pays. Trop de froid, trop de pluie. Une vague de froid de quelques jours qui m’a convaincu d’accélérer la descente vers le sud.

Mini-van jusqu’à Vang vieng. Village atypique coupé en deux par une rivière tumultueuse. Un coté bucolique et zen, l’autre comme le cours d’eau, tumultueux et torturé. Entre les deux, deux ponts. Un payant, suspendu, en bois et métal, l’autre gratuit. Mais il ne traverse pas l’intégralité de la rivière. Les dix derniers mètres se font avec de l’eau jusqu’en haut des chevilles… L’eau n’est pas froide. Le soleil timidement fait son apparition. Trop timidement. Cap sur Vientiane.

Vientiane. Un rendez-vous manqué. Une seule nuit. Pas assez pour découvrir la ville. Pourtant elle me plait. Une capitale tranquille. Calme et nonchalante. J’aime. A revoir sans aucun doute mais le sud m’appelle et le billet de bus est dans la poche. En bus local cette fois ci.

Départ pour Thakhek. 350 kilomètres de bus, soit environ sept heures. Le tuk tuk me conduit vers la station de bus. Il est neuf heures du matin. Il fait beau et enfin chaud.
Le TLB est là…. Magnifique ! Un des plus beaux qu’il m’ait été donné d’emprunter jusque-là. C’est avec émotion que je grippe à bord. Il est quasiment plein. Juste quelques places de libres,  au fond, sur l’ultime banquette. Je m’installe et place dans les oreilles les écouteurs de mon mp3. Le TBL démarre.
Musique !

Quelque chose en toi,
Ne tourne pas rond
Un je ne sais quoi
Qui me laisse con

Le TLB, c’est tout une ambiance. C’est local, mais pas que. C’est vétuste. Usé. Usagé. Les voyages répétés on incrusté partout une couche de poussière aujourd’hui inaltérable. Ca sent les heures de routes. Les histoires de voyages. Le plafond pend lamentablement, menaçant de finir sa chute sur les passager à chaque instant. Il transporte tout. Humains, riz, motos, cabas divers et variés, matériel informatique, touristes en mal d’aventure, mamans aux pieds nus, enfant en haillon, papy hors d’âge, jeunes filles à la mode. C’est la vie qui circule. D’ailleurs de ma banquette, les pieds sur des sacs de riz, je le sens vivre. Il vibre. Eructe. Fume. Son pot d’échappement percé laisse filtrer des gaz odorants qui envahissent la cabine par le plancher troué. Emouvant…

Toute cette histoire,
Est bien ancrée dans ma mémoire
Et si quelqu’un vient s’en mêler,
Je crois que je vais craquer

De l’extérieur, le TLB est presque normal. Certes il fait quand même son âge. C’est la moto sur le toit et son volumineux chargement qui dénotent un peu.
A l’intérieur, nous sommes nombreux. Très nombreux. Et comme deux rangées de siège ont été enlevées à l’arrière pour laisser de la place aux volumineux sacs de riz, deux familles, soit une dizaine de personnes font le voyage par-dessus. Là, ils prennent leur repas. Du riz gluant contenu dans des sacs en plastique. Ils plongent leurs mains dedans pour en ressortir une boulette de riz qu’ils malaxent dans leur paume avant de la manger. Ils alternent avec des « frites » de peau de porc.

Il faut que tu respires
Ça c’est rien de le dire
Tu vas pas mourir de rire

Le TLB s’arrête régulièrement pour prendre à son bord des marchands ambulants qu’il redépose quelques kilomètres plus loin. Mangues, « chips » de bananes, riz gluant cuit dans des tubes de bambou (excellent !), brochettes de viandes diverses et varié nous sont proposés. On ne laisse personne mourir de faim. Chacun propose un bout de son casse-croûte à son voisin. C’est convivial.

A l’arrière des Dauphines
Je suis le roi des scélérats
A qui sourit la vie

On fait une pause. Le TLB à chaud et son chauffeur a faim. Pour refroidir le moteur, un jet d’eau fait l’affaire. L’engin est copieusement arrosé. Un papy sans âge descend du bus. Il est l’heure pour lui aussi de prendre son repas. Quelques bouchées de riz gluant qu’il mangera assis sur ses talons au bord de la chaussée.
Mais déjà on repart. Chacun retrouve sa place. Sur un siége, un sac de riz, où à même de sol. Personne ne cherche à prendre une autre place que la sienne. 
Dans un nuage de fumée noire, le TLB s’ébranle. Il peine à se relancer et à atteindre sa vitesse de croisière.

Je crains plus la Mandragore
Je crains plus mon destin
J’ crains plus rien

Il y a pas mal d’enfants dans le TLB. Des jeunes et des très jeunes. Une chose m’a toujours beaucoup étonné en Asie. Les enfants qui voyagent sont étonnamment calmes. Ils parlent peu, ne crient pas, ne pleurent pas. Ils restent sagement assis à regarder autour d’eux. Même malade, ils ne se manifestent pas bruyamment. Ils sont drogués ou quoi ?
Près de moi, un père joue avec son plus jeune fils. Ils jettent des bouteilles en plastique par la fenêtre. Ca à l’air de beaucoup les amuser. Faudra que j’essaie un jour…
De l’autre côté, un autre enfant les regarde envieux. Il aimerait sans doute lui aussi jouer. Mais manque de chance il est assis contre une vitre en bois. Oui, certaines vitres du TLB sont en bois.

A côté du zoo y’avait cette panthère noire qui marchait devant moi,
Oh, féline élégance et moi plein d’insouciance.
Quand elle s’est retournée j’ai compris le danger,
J’étais une proie facile soudain très isolée.

Le soleil est maintenant haut dans le ciel. Il fait maintenant chaud dans le TLB. Une sieste s’impose. Chacun cherche sa place. Ceux qui voyagent sur les sacs de riz se découvrent chanceux et s’allongent. Certes un peu les uns sur les autres mais dans le TLB on est « friendly ». On prête volontiers son épaule pour permettre à un voisin qui a été plus rapide à s’endormir de prendre un peu de repos. C'est calme...

Allez, monte le volume bébé, c’est bon ça !
Je suis sur la route
Je suis en déroute
Et j’en ai rien à foutre

1* : Très Local Bus.















Désolé....;-)





















2 commentaires:

  1. Superbe recit ! , je ne te connaissais pas ce talent de chanteur ! bonne route !

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  2. Magnifique récit et VOYAGE
    BONNE ROUTE
    Tipot

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