Sapa, Vietnam
Je vieillis ou je deviens con ?
J’ai trouvé une moto !
Car oui mon projet est de faire le nord du pays en moto. Une belle Honda
100 m’est promise Le moteur de la belle est en pièce détaché dans le garage. Il
est en train d’être refait. Le mécano en veut 400 US$ avant négo. Pas cher et
en plus il me la rachète à mon retour. Je suis sur le point de craquer, mais je
dois y réfléchir un peu. Je file me connecter à internet et recherche des infos
plus précises pour boucler mon projet et après une heure de lecture de blogs et
de conseils divers, je lâche l’affaire. Trop risqué, trop incertain, compliqué. Aucune
assurance ne couvre ce genre de périple et en cas d’accident c’est pour ma pomme…
C’est donc en bus que je prends la route et en regardant
défiler sous mes yeux les paysages magnifiques du nord-ouest du Vietnam, une
question me taraude l’esprit : Je vieillis ou je deviens con ? Il n’y
a pas si longtemps de ça, j’aurais foncé sans réfléchir. Mais pas
aujourd’hui !
Qu’a cela ne tienne, à la première occasion je loue une moto
pour la journée. En étant très prudent, ça va le faire…
Comme je n’ai quand même pas envie de faire comme tout le
monde, je décide de voyager local. Aucune réservation de bus, que des bus
locaux, pas d’agence et aucun itinéraire proposé par celles-ci, même si je
passe forcément par des endroits touristiques. Si l’idée est séduisante (pour moi
évidement), je vous avoue quand même que la pratique est un peu plus ardue. Les
bus sont inconfortables au possible, surchargés de passagers et de matériels
divers et variés, le bouton volume du poste radio est visiblement bloqué sur la
position maximum, les horaires affichés dans les gares routières sont plus qu’indicatifs
et pour finir, comme je ne suis plus dans le circuit touristique
« normal », plus personne ne parle la langue de Shakespeare……et comme
je ne parle que très peu le vietnamien…
Malgré tout, pleins de points positifs. La promiscuité dans
les bus permet un contact facile et spontané avec la population. Oui, on est
serré alors on se touche, on se pousse, on s’appuie…La jeune Yen, dormira deux
heures la tête posée sur mon épaule, une mamie fatigué s’allongera comme elle
peu sur un bout de banquette, jugeant que mes genoux pouvaient sans problème accueillir
ses pieds… On me propose à manger, à boire. Bref, ça vie, ça respire, c’est
joyeux…
C’est donc à un rythme très « local » que j’ai
réussi à me transporter jusqu’à Dien Bien Phu. Ici, on dit simplement Dien
Bien, le « phu » voulant dire « province » (je commence à
parler le Vietnamien…). Je me suis rendu compte une fois sur place qu’en fait
peu de touristes étrangers viennent ici. C’est excentré et perdu au nord-ouest
du pays. Seuls ceux qui veulent vraiment visiter les sites de la bataille, ou
qui passent la frontière avec le Laos passent par ici. Par contre, pas mal de
touristes vietnamien, ce qui me paraît tout à fait logique.
J’ai visité, parfois avec un peu d’émotion, les quelques
lieux que les Vietnamiens ont conservés en état pour commémorer leur victoire
et la libération de leur pays. La colline Eliane, simple butte de terre d’une trentaine
de mètres de haut, Dominique, le quartier général Français du Général de Castries, un
cimetière militaire Vietminh, le musée et pour finir le quartier général du Général
Giap.
Dien Bien Phu, c’est du côté français, 3000 morts, 4000
blessés et 10 000 prisonniers, dont seulement un tiers reviendra des camps.
J’ignore les chiffres du côté du Vietminh, mais ils doivent être là aussi effroyables.
J’ai été étonné, choqué qu’on ne trouve
ici absolument aucun lieu, aucun monument officiel rendant hommages à ces
français tombé loin de chez eux. Seule une stèle, bâtie à titre privée en 2004 par
un ancien légionnaire, leur rend hommage. Elle est gardée par un charmant papy qui entretien les lieux et permet la visite. Ce qu’un simple soldat a été
capable de faire pour rendre hommage à ses camarades, aucun de nos gouvernement
n’a été capable de le faire. Personnellement ça me fout la gerbe….
N’attendant rien de nos politiques et ce depuis déjà pas mal
de temps, je me suis vite remis de mon « trouble » et j’ai repris la
route direction SAPA. Pas de route directe, mais je ne suis pas homme à me
laisser arrêter par ce genre de détail. De bus en bus, empruntant parfois des
pistes en terre, j’ai quand même pas mal galéré, mais je suis arrivé à mes fins
et c’est de nuit, sous une pluie battante et par moins de 10 degrés que j’ai
débarqué ici. Ici on est à 1400 mètres d’altitude, dans une « station de
montagne » vietnamienne…Un peu le Megève local… Et c’est bien sympa. Des
paysages fabuleux, enfin je crois, car je ne les ai pour l’heure aperçus qu’à
travers la brume. Oui, en plus d’être froid, c’est brumeux….Vous savez, ces brumes
qui rendent les choses mystérieuses…On croît apercevoir au loin. Curieux on
aiguise le regard, attendant la trouée. Mais un voile blanc vient à nouveau
masquer la vue. Suspens...
Mais c’est décidé, c’est ici que je vais louer une moto pour
une journée !
Alors pour tout vous dire, si je ne le regrette absolument
pas car cela m’a permis de découvrir plein d’endroit absolument fabuleux, je
crois bien que je ne recommencerais pas. Malgré qu’il y ait relativement peu de
circulation, rouler ici demande une concentration de tous les instants. Tout
est possible en permanence et c’est très fatigant. J’ai enfin un élément de
réponse à ma question initiale : je suis prudent…..
Je suis resté à SAPA trois jours. L’endroit est vraiment
agréable malgré la brume et le froid. Demain matin je reprends la route. Je
sais déjà que la partie qui m’attend ne va pas être simple. Je vais dans des
coins pas réellement touristiques et j’y vais pas des chemins qui si ils
existent bien sur les cartes ne sont décrit dans aucun des guides que j’ai pu
consulter. De ci de là, on me conseille de retourner sur Hanoï puis de prendre
la direction du nord-est. Perso, j’ai choisi de longer la frontière du Laos,
puis la frontière chinoise.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire