Madurai, Tamil Nadu
Gros coup de blues hier. Une journée noire. Essentiellement
dans ma tête. Je n’y étais pas, loin s’en faut. Il pleuvait comme il peut
pleuvoir sous les tropiques quand j’ai quitté Pondicherry. Ça a été pour moi
l’occasion de sortir la veste en Goretex que j’avais pris le soin de mettre au
fond de mon sac. Bien utile. J’ai pris deux bus successifs en direction de
Tanjore. Sept heures de bus sous la pluie, avec un ciel qui touche par terre.
La journée était noire dans ma tête, mais bien grise aussi à l’extérieur.
J’avais prévu de faire un stop de deux nuits à Tanjore. Mais
à peine descendu du bus, je décidais que je ne resterais pas dans cette ville.
Aucun feeling. Ville bruyante, sale, sombre. Comme je n’étais pas dans mon
assiette, j’ai pris la première guest house que j’ai trouvée. Pas envie de
courir la ville avec ma maison sur le dos. Pas ce soir. Elle était à l’image de
la ville, mais pour une nuit, ça allait le faire.
J’ai quand même été visité un temple. Un beau temple, classé
au patrimoine mondial de l’Unesco. Tout en pierre ocre, ça change et c’est
plutôt joli. J’ai vu aussi beaucoup de rats à Tanjore. Il n’est pas rare d’en
voir ici, mais là, comme ça, autant… Je ne sais pas si en Inde ils ont pour les
rats un concours similaire à celui que l’on a en France pour les villes
fleuries. S’ils en ont un, alors nul doute que Tanjore est tout en haut du
classement. D’habitude, on les aperçoit. Ils traversent, se faufilent, passent.
Là non. Ils sont là, vivent, cohabitent, observent, regardent passer la foule.
Certains tentent bien de les chasser du pied. Mais le rat ici, ne fuit pas. Il
revient forcer le passage, au pire contourne. J’avais déjà pas un moral en
béton mais alors là… Je me suis mis au lit de bonne heure. La lumière éteinte,
la chambre était supportable. A peine.
Le lendemain matin à 6 heures 30 on frappe à ma porte. Ça
commence… Un indien est là et me propose un thé. J’ai le choix. Soit je le mets
dehors à coup de pieds dans le train, soit je le remercie de me porter le petit
déjeuner au lit. Mais une journée noire, ça suffit et je décide d’attaquer ce
nouveau jour du bon pied. Je fais donc affaire avec l’indigène ravi que l’on
prenne ainsi soin de moi. Mon sac reconditionné, je file à la gare routière,
prêt à m’envoyer quatre heures de bus en direction de Madurai. Je vais y rester
trois nuits avant de prendre l’avion pour Colombo. J’aurais ainsi le temps de
reconditionner le matériel et le bonhomme pour la suite du périple. A mon
arrivé, je trouve un hôtel sympa en centre-ville. Chambre propre et lumineuse,
je vais être bien. La ville a l’air agréable. Enfin, agréable pour l’inde
j’entends. Quelques monuments et temples à visiter ainsi que le « Gandhi
mémorial muséum », car Le Mahatma a vécu ici. Juste ce qu’il faut pour ne
pas trop trouver le temps long et me laisser du temps pour préparer l’arrivée
au Sri Lanka. J’ai acheté le Lonely Planet
pour cette destination. Bien sûr il est en Anglais (ne rigoles pas
Coco !). Ca le rend un peu plus ardu à lire, mais surtout à comprendre… Je
crois bien que je suis obligé de progresser dans la langue de Shakespeare sans
quoi, ça risque de ne pas être triste. En voyageur prudent j’ai aussi fait
l’acquisition d’un dictionnaire de poche Anglais/Français. Ça n’accélère pas ma
lecture, mais au moins j’apprends des
mots et comprends à peu près ce dont il s’agit. Ça risque de servir et d’éviter
les malentendus.
Ce soir, j’ai envie de prendre une bière. Je descends la rue
et trouve dans un hôtel haut de gamme un bar. L’endroit est sombre, je suis a
deux doigts de sortir ma lampe frontale pour me diriger. Bien sûr il est
climatisé, il y fait froid. Les serveurs sont au top. Chemise blanche, nœud
papillon, petit gilet noir et pantalon noir. La classe ! Aux pieds, des
tongs. On est en Inde… Mais la bière est bonne et fraîche.
Les commerçants locaux sont vraiment aux petits soins pour
les touristes. Tiens, un petit dialogue de cet après-midi même :
·
Hello sir, y’am a taylor (Bonjour Monsieur, je
suis tailleur).
·
Hello (Bonjour).
·
I can make for you pants or shirt if you want
(Je peux vous faire si vous voulez un pantalon ou une chemise).
·
No thank you. Y dont need it (Merci, mais je
n’en ai pas besoin).
·
Ok ! Marijuana ? (ok, de
l’herbe ?)
Comme il y a parmi vous quelques personnes
qui ne maîtrisent pas l’Anglais, je me suis permis de traduire. Enfin,
approximativement ! Vous noterez par ailleurs l’Anglais parfait dans
lequel je m’exprimeJ.
J’ai fait cet après-midi, la visite de temple local. Le
« Sri Meenakshi Temple ». Meenakshi est l’autre nom de Parvati,
l’épouse de Shiva. Je vous avoue que je ne comprends pas grand-chose à leur
religion. Faut dire que c’est un peu le bazar pour un non initié. Je sais qu’il
y a trois divinités, principales, Brahma, Vishnou et Shiva. Jusque-là, j’arrive
à suivre. Mais les années passant les dieux se sont ajoutés les uns aux autres.
Il y aurait aujourd’hui plus de 33 millions de divinités. De quoi en perdre son
latin. Remarquez, ici les dieux font des enfants, ce qui explique sans doute
cela. D’ailleurs au temple, tous les soirs vers 21 heures, on transporte la
statue de Shiva, jusqu’au sanctuaire de Meenakshi afin que les deux époux
puissent passer la nuit ensembleJ.
Dernière visite indienne. Le Gandhi mémorial muséum. Il se
trouve dans une vieille et belle bâtisse anglaise. Un très bel endroit qui
retrace l’histoire de l’Inde depuis la colonisation britannique jusqu’à la mort
du Mahatma en 1948. La plus grande partie est bien sur consacrée à Gandhi et on
y trouve certaines reliques du grand homme, comme le dhoti (costume) qu’il
portait le jour de son assassinat par un jeune fanatique hindou ou bien encore
sa célèbre paire de lunette. Emouvant endroit…
La partie indienne de mon blog se termine ici. Je dois vous
avouer que j’ai beaucoup aimé l’Inde. C’est un pays qui ne laisse pas
indifférent. Les indiens sont d’une extraordinaire gentillesse, même si pour
nous ils sont sur une autre planète. Une fois que l’on a intégré le fait qu’ils
ne vivent pas dans le même monde que nous, tout devient simple. Mais j’avoue
qu’il faut une certaine dose d’abnégation pour arriver à le comprendre. Ils
sont parfois tellement désespérants. Mais je les adore !
Je savais que ce serait un pays difficile. Ça a été le cas.
On s’habitue à tout. Mais pas à la misère. Et de la misère ici, il y en a.
Beaucoup ! De la misère crasse, lourde, qui dérange, qui interroge, qui
mine parfois à en pleurer. On ne mesure pas toujours la chance que nous avons.
Nous avons des problèmes de riches. Eux ont des problèmes de pauvres. De vrais
pauvres. Mais je ne vais pas vous refaire Germinal, ce n’est pas mon propos.
Une page se tourne ce soir. Demain un autre pays, une page
vierge pour moi. J’espère trouver du soleil à Colombo. A priori, ça ne sera pas
forcément le cas. Novembre est une période de retour de mousson. Ce sera donc
peut être parapluie et poncho. A très vite…
Merci pour ces C.R qui nous ont permis de suivre ton périple au travers de ce pays qui t'a marqué dans l'esprit et dans la vision des choses. Bon route vers ta prochaine destination. Take care my brother.
RépondreSupprimerMerci Frangin. Bises à tous ;-)
SupprimerIncredible India! Ca ne laisse pas indifférent en effet. Mais tu y retournera! Ils nous exaspèrent, mais on a envie d'y retourner après un moment :) PROFITE du Sri Lanka. Surtout Sigyriya/Anuaraphura et les spots de surf. C'est sublime et ils sont géniaux :)
RépondreSupprimerOui ma Coco, j'y retournerais c'est sur ! Quant au Sri Lanka, j'ai déjà profité de la plage. Je sais pas pourquoi, mais je pense que je vais me plaire içi ;-)
RépondreSupprimerJ' ai adoré le passage ou tu dis que l' on a toujours le choix de son attitude intérieure. Bonne continuation Michel.
RépondreSupprimerTout ce que tu nous commentes est vraiment passionnant. C'est pour cela que je donne ton adresse, à des gens que je rencontre ... au gré du vent ... pour qu'ils te lisent. Le dernier, un confrère d'origine Tamoul, à la Réunion. Si donc tu reçois des lettres d'inconnus, j'y serai peut-être pour quelque chose! Avec toutes mes amitiés, et fais gaffe quand même!!!
RépondreSupprimerJe te remercie Jean Paul de faire ainsi la publicité de on modeste billet. Plein d'ondes positives vers vous ;-)
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